BUTEUR Vieri, l'arme fatale

L'attaquant italien est de la race des Paolo Rossi ou Toto Schilacci. Avec cinq buts en quatre matches, il est le meilleur buteur du Mondial, grâce à son sens inné du but.

Sans montrer une joie exubérante, Christian Vieri s'élance vers la ligne de touche. Il s'y accroupit, reste de marbre. Alessandro Del Piero le rejoint, se pose sur ses talons et croise les bras. Christian Vieri se lance dans une séance de méditation, juste après avoir inscrit le but de la qualification italienne face à la Norvège, son cinquième en quatre matches de cette Coupe du monde, ce qui en fait le meilleur buteur de la compétition, devant l'Argentin Gabriel Batistuta. « Avec Del Piero, nous avons juste inventé une façon d'exprimer notre joie, relate l'avant-centre de la Squadra Azzurra. Ce n'est peut-être pas encore tout à fait au point, mais j'espère qu'on pourra encore le refaire au courant de la compétition.»

Depuis le début du tournoi, Christian Vieri est impressionnant et s'impose comme un des meilleurs attaquants de la planète, après avoir été couronné meilleur buteur de la Liga espagnole, avec 24 réalisations sous les couleurs de l'Atletico Madrid. L'Italien a de qui tenir, puisque son grand-père Enzo a été gardien de la Pistoiese et de Prato en série C, et son père Roberto milieu de terrain de la Sampdoria, de la Fiorentina, de la Juventus, de la Roma et de Bologne au début des années 70. Après avoir passé son enfance en Australie, à côté de Sydney où le papa a terminé sa carrière, il revient à 15 ans dans la péninsule et se forme à Torino. Depuis 1992, « Bobo » Vieri, comme il est surnommé, n'a jamais passé plus d'une saison dans le même club, laissant des traces à Pise, Ravenne, Venise, Atalanta, Juventus, avant de rallier l'Espagne l'été dernier.

10 BUTS CHEZ LES ESPOIRS

Il prend son temps pour frapper à la porte de la Squadra Azzurra. Le sélectionneur des espoirs, un certain Cesare Maldini, le découvre en série B à Pise en octobre 1992. Dès sa première entrée en jeu, il inscrit un but. Et il continue à s'y distinguer par la suite, inscrivant la bagatelle de 10 buts en 19 matches, ce qui le place à une seule unité du record détenu par Gianluca Vialli. L'équipe nationale attend encore un peu, mais découvre un immense talent un soir de mars 1997. Là aussi, pour sa première sélection (face à la Moldavie, 3-0), il s'offre le luxe de marquer un but. Depuis, en 12 matches, il a trouvé le chemin des filets à sept reprises, dont cinq fois lors de l'actuel Mondial. S'il poursuit à ce rythme, il est certain de figurer parmi les plus grands joueurs italiens. S'il marque encore une fois en quarts de finale - ou plus tard dans la compétition - il rejoindrait alors Paolo Rossi et Toto Schilacci, auteurs de six buts en Coupe du monde. « Je ne cherche aucunement à être le meilleur buteur du tournoi, confie le grand attaquant (1 m85). Ce n'est pas mon objectif. Je pense avant tout au parcours et à la qualification de l'équipe pour les tours suivants.»Pourtant, il a répondu présent lors des quatre matches de sa formation, marquant à chaque fois, réussissant même le doublé face au Cameroun. « J'espère bien sûr avoir l'opportunité d'inscrire encore d'autres buts, lâche-t-il ensuite. Face à la Norvège, ce n'était pas facile de trouver la faille dans un système défensif très dense.» Il ne lui a pourtant pas fallu beaucoup d'occasions pour ouvrir le score. Après deux percussions sans effet (2e, 8e), la troisième a mené au but. « Luigi Di Biagio m'a vraiment donné un très bon ballon, raconte le Madrilène. J'ai toujours essayé de faire des courses en profondeur pour pousser les défenseurs à la faute et permettre à mes coéquipiers de me donner de bonnes passes. Là, elle était parfaite et après avoir accéléré, j'ai essayé de placer un bon tir croisé. C'est entré, et c'est tant mieux.»

UN DYNAMITEUR DES DÉFENSES

Une fois de plus, Vieri a été l'arme fatale des Italiens. « Bobo » n'a peut-être pas l'élégance de Paolo Rossi, qui était davantage un rôdeur des surfaces au grand flair. Lui est plutôt du genre dynamiteur, avec ses courses pleines de punch, ses frappes très lourdes et placées. Depuis le début du Mondial, il a tiré 14 fois au but. 10 frappes étaient cadrées, 5 ont fait mouche. Un bilan exceptionnel. Sa puissance lui permet de faire voler en éclat les défenses les plus hermétiques. Devant le but, il conjugue sang-froid et efficacité, deux qualités essentielles. Très superstitieux, Cesare Maldini voit en lui un signe du destin. Né un 12 juillet, Christian Vieri fêtera ses 25 ans le jour de la finale du Mondial. Le sélectionneur italien, qui détient le meilleur buteur de la compétition, est persuadé d'être sur le banc de touche d'un finaliste. La France devra particulièrement se méfier de Bobo vendredi après-midi à Saint-Denis, au risque d'avoir très mal. Depuis le début du tournoi « Bobo » Vieri s'impose comme l'un des meilleurs attaquants de la planète.

 

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